Claire Madeleine-Perdrillat s’est installée en 2020 avec sa maman sur la ferme familiale où celle-ci élevait depuis plus de 40 ans des vaches laitières en BIO. Mme Perdrillat mère souhaitant prendre sa retraite, Claire, qui travaillait en tant qu’enseignante-chercheuse à l’INSERM à Orléans, a décidé de lâcher le monde de la recherche pour reprendre la ferme (vieille de plus de 300 ans) pour sauvegarder les 85 hectares de terres, parsemés d’arbres et de nombreuses haies, cultivés en agriculture biologique.

Ainsi Claire a bâti un projet le plus respectueux possible du vivant dans sa grande diversité tout en visant à réduire l’impact carbone de la ferme. Son projet s’inscrit dans l’agroforesterie où les animaux et les plantes doivent trouver leur équilibre sans intrant. Pour cela, Claire a choisi de travailler avec de petits troupeaux de races rustiques bien adaptées au territoire, elle fait pâturer ses prairies en rotation par ses 30 vaches Ferrandaise, ses 70 brebis et 2 chevaux de façon à ce que les parasites soient éliminés avant que chaque espèce animale ne revienne. De plus, ces différents herbivores ne consomment pas les mêmes plantes et leurs déjections se complètent pour amender le sol.

La Ferrandaise est une vache rustique Auvergnate à forte variété génétique, ce qui la rend moins sensible aux maladies. Cette race a failli disparaître et c’est grâce à une association de sauvegarde de la Ferrandaise qu’elle est de nouveau présente sur le territoire. C’est une petite laitière (2000 L de lait à l’année contre 8000 L pour une Montbéliarde).

Les vaches sont nourries à l’herbe et aux foins l’hiver avec un petit supplément de céréales l’hiver (150 Kg/vache) soit 10 fois moins que ce qui est donné dans les élevages traditionnels. Les céréales sont achetées à M. Renard à Antoing et M. Cellier de Chadrat. Claire est très attentive au bien-être de ses animaux, leur bonne santé est assurée par une nourriture abondante et de qualité, doublée d’un apport de vitamine D l’hiver et d’huiles essentielles et plantes médicinales si nécessaire. 

Claire fait elle-même le foin pour ses animaux. Elle pratique la coupe tardive, une pratique qui consiste à ne couper le foin que lorsque celui-ci est « mature » c’est-à-dire que les graminées sont en graines et que les différentes variétés végétales ont eu le temps de se développer. De cette manière les prés sont réensemencés par les graines, ce qui favorise la diversité végétale et leur possibilité d’adaptation ainsi que la diversité en insectes et donc en oiseaux.

L’été les vaches taries montent en estive au Guéry et ne redescendent que fin octobre pour le vêlage et la reprise de la lactation. Après la mise bas, les veaux sont vendus à un éleveur bio voisin pour être élevés. Les agneaux restent à la ferme et seront élevés pour être vendus pour leur viande. Claire insiste sur le respect de la vie des jeunes animaux qui naissent chaque année pour relancer la lactation chez les mères.

Pour vivre de son travail Claire a choisi de transformer le lait de la ferme en deux fromages qu'elle valorise en ventre directe :

• le lait de vache est transformé en Fourme d'Ambert

• le lait de brebis est transformé en crottin de brebis

Claire a commencé à produire des fromages en janvier 2023. Pour ce faire, elle a construit un atelier de transformation et une cave d’affinage. La construction qui abrite le nouvel atelier a été réalisée entièrement avec le bois de ses forêts qu’elle a fait couper dans ce but.

La fourme d’Ambert est un fromage à pâte molle persillée, c’est-à-dire ensemencée avec un Pénicillium bleu. Il faut 28 jours minimum d’affinage pour être commercialisé. Il faut 18 L de lait pour faire une fourme qui pèse environ 2 kg. La fourme d’Ambert est un fromage AOP (Appellation d’Origine Protégé) et celle de Claire Perdrillat est certifiée AB et produite avec du lait de foin.